La méthanisation s’est développée très différemment selon les régions de France. Pour analyser plus précisément ces différences, Methappro a divisé la France en 5 zones pour lesquelles nous consacrerons des articles spécifiques : Nord-Ouest, Nord-Est, Centre, Sud-Ouest et Sud-Est. Dans cet article nous nous concentrons sur la région ‘Nord-Est’ de la France pour comprendre l’historique et faire un état des lieux des sites de méthanisation existants.
La carte ci-dessous définit grossièrement la zone concernée, c’est-à-dire : les Hauts-de-France, le Grand-Est, l’Île-de-France et le nord-est de la Bourgogne-Franche-Comté. Cette carte créée par Methappro représente tous les méthaniseurs en fonction ou en projet en France métropolitaine. Les balises jaunes sont les sites en injection (production de biométhane) et les balises bleues sont les sites en cogénération (production d’électricité).
Cette zone est, avec le Nord-Ouest de la France, une des deux zones les plus riches en sites de méthanisation. En octobre 2023 on peut estimer ce nombre entre 630 et 680 sites en fonction et en projet, selon la zone exacte définie. Les régions du Grand-Est et des Hauts-de-France sont d’ailleurs respectivement les 1ère et 3ème régions françaises comptant le plus grand nombre de sites de méthanisation (la 2ème étant la Bretagne).
On peut expliquer cette abondance par plusieurs facteurs.
Tout d’abord, géographiquement, cette zone est proche de l’Allemagne qui est l’un des pays précepteurs de la méthanisation dans le Monde. Les sites y sont encore bien plus nombreux et ce depuis des dizaines d’années. L’Alsace est souvent décrite comme une région pionnière de la méthanisation en France, s’étant inspiré de son voisin allemand.
Le Nord-Est de la France est aussi une région agricole et agro-industrielle importante, ce qui induit un potentiel de ressources considérable pour la méthanisation (notamment des résidus de culture et des biodéchets de l’industrie agroalimentaire).
La proportion entre sites en injection et cogénération est à peu près équivalente si l’on prend toute la zone en considération, mais varie selon les régions.
Dans les Hauts-de-France, on dénombre autour de 200 unités (hors valorisation chaudière et stations d’épuration). Parmi elles, il y a une majorité de sites en injection (environ deux tiers) et donc un développement plutôt récent de la méthanisation, c’est-à-dire sur les 5 dernières années. Les exploitations agricoles de cette région sont historiquement nombreuses grâce à ses atouts naturels comme des sols fertiles et une pluviométrie favorable. Plus des deux tiers des terres de la région ont une vocation agricole : céréales, pommes de terre, betteraves, lait, légumes… Cela crée par la même occasion un gros potentiel de volumes de biodéchets, et fait de la méthanisation un modèle intéressant pour les agriculteurs qui souhaitent diversifier et optimiser leurs activités.
En Île-de-France, le nombre de méthaniseurs (toujours hors STEP et chaudières) est plutôt autour de 70, en comptant les sites agricoles et industriels.
Le type de méthanisation est très majoritairement l’injection, et le développement général de ce modèle est leadée par la Seine-et-Marne qui compte environ 70% des sites de la région. L’apparition des sites y est aussi récente avec plus de la moitié qui ont été mis en fonction en 2020 ou plus tard.
La Seine-et-Marne est une terre très agricole, notamment en céréales, ce qui explique son intérêt pour ces structures. En tant que précurseur en méthanisation par injection (comptant quasiment 50 sites à elle-seule), le département a pour objectif d’atteindre 75% d’autonomie en biogaz à usage domestique à l’horizon 2030.
La région du Grand-Est explose les compteurs et arrive en tête du classement des régions ayant le plus de sites de méthaniseurs (environ 345 en comptant les projets). Cela s’explique par sa grande superficie mais surtout parce qu’elle est celle qui a été influencée le plus tôt par la méthanisation en Allemagne. Cette ‘ancienneté’ justifie aussi le fait que la majorité des sites de la région soient en cogénération, modèle de méthanisation qui s’est popularisé bien avant l’injection. Aujourd’hui encore la région compte environ 60% de sites qui valorisent le biogaz en cogénération.
Les grandes cultures céréalières y sont très présentes, mais également la viticulture qui pousse de plus en plus d’industriels à construire leur propre site de méthanisation (notamment dans l’ancienne Champagne-Ardennes).
La partie Nord de la Bourgogne-Franche-Comté suit l’influence de son voisin Grand-Est et compte elle aussi une majorité de sites en cogénération. On y retrouve aussi des grandes cultures céréalières, et la Haute-Saône est le département où se trouvent le plus de sites parmi ceux de cette zone (une petite trentaine).
Pour revenir à la grande zone du Nord-Est de la France, elle représente clairement une des régions meneuses de la méthanisation agricole et agro-industrielle française. Elle est un exemple de l'engagement croissant de la France dans la transition vers des sources d'énergie plus durables et la gestion responsable des déchets.
Industriels de la région ou d’ailleurs : si vous souhaitez revaloriser vos biodéchets en méthanisation, contactez-nous ! louis@methappro.fr
Les chiffres de cet article proviennent de la base de données Methappro et peuvent évoluer en fonction des critères choisis et des évolutions réelles (nouveaux projets, cessions d’unités…).